Cet été, j’ai fait un long voyage où j’ai décidé de partir seule visiter des pays où la majorité de la population est musulmane. Au fin fond de moi-même, j’avais besoin d’être dépaysée. Comme plusieurs, toute la crise reliée à la pandémie m’avait affectée d’un point de vue psychologique et je voulais retrouver la petite Sandra que j’avais perdue après tous ces mois de bouleversements intérieurs.
J’avais toujours rêvé de me promener dans le désert du Sahara, de découvrir les pyramides d’Égypte, d’arpenter la cité perdue de Petra et de faire un safari en Afrique. Après le tournage de la deuxième saison de la série Des filles et leurs règles sur TV5 Monde, j’avais aussi envie d’en découvrir plus sur le quotidien des femmes en Afrique et au Moyen-Orient. En 2022, mon contrat comme scénariste se menant à terme, j’ai choisi de croire que le meilleur moment pour réaliser mes rêves était maintenant et rien n’allait m’arrêter.
C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de visiter le Maroc, l’Égypte, la Turquie, la Jordanie, les Émirats arabes unis, le Kenya (sa côte est) et Zanzibar.
Bref, pendant quatre mois, j’ai baigné dans l’univers islamique. Un univers que je connaissais peu. Voici quelques appréhensions que j’avais avant de partir qui ont complètement changé après mon voyage.
« L’homme musulman abuseur de femmes »
Avant de partir, on m’avait tellement répété que les hommes arabes voyaient les femmes occidentales comme des femmes faciles et/ou comme des « sous êtres humains » que j’en ai pratiquement fait une crise de panique à l’aéroport avant d’embarquer dans l’avion.
Une fois sur place, par contre, ce que j’ai vécu s’est révélé une tout autre histoire. Par mon expérience, ce stéréotype de l’homme arabe/musulman qui a - ou qui veut - le pouvoir sur la femme est complètement faux. Et je ne le dis pas pour ne pas froisser certaines cultures. J’ai senti que c’était faux pour de vrai.
Au contraire, j’ai trouvé qu’en général, les Arabes et/ou les hommes musulmans étaient très respectueux envers la gent féminine. Chaque fois que j’ai eu un problème dans un pays musulman, il y avait toujours un homme pour m’aider. Toujours. Et, jamais un homme ne m'a fait sentir comme si j’étais une fille qui n’avait aucune manière parce que je ne portais pas le hijab ou parce que j’étais une étrangère qui ne croyait pas en Allah.
Aussi, la plupart des hommes à qui j’ai parlé dans ces pays étaient vraiment contrariés par ce stéréotype. Dans la philosophie musulmane, les hommes doivent prendre soin des femmes. C’est la raison pour laquelle il n’est pas rare de rencontrer des hommes arabes non mariés de 35, 40 et même 50 ans qui vivent encore avec leur mère ou leurs sœurs pour les aider dans leurs activités quotidiennes.
Sur la côte est du Kenya, j’ai eu une longue discussion avec un imam sur la spiritualité. Depuis la pandémie, je m’intéresse particulièrement à la guérison spirituelle et je fais quotidiennement de la méditation. À un certain moment, l’imam m’a demandé: “Aimerais-tu devenir musulmane un jour?” Malgré que j’ai un grand respect pour toutes les cultures et les croyances des autres, je lui ai avoué que pour moi cela serait impossible, pour plusieurs raisons. Notamment, je ne crois pas à l’abstinence avant le mariage. Je lui ai dit cela en précisant que selon moi, la sexualité peut être quelque chose de très beau entre deux personnes, même non mariées (si tout le monde est consentant bien entendu). Je lui ai aussi mentionné que, de nos jours, nous avons des moyens de contraception avec lesquels on peut faire l’amour sans risquer de tomber enceinte, alors, selon moi, il n’y a pas de problème.
Je rappelle ici que le Coran interdit toutes relations sexuelles hors mariage, sinon, c’est la peine de mort… Rien de moins! Et les imams lisent le Coran tous les jours, alors ce n’est pas une info qui peut tomber, comme ça, sous leur radar. C’est un des grands principes de la religion musulmane.
Alors, il m’a écouté, il a tenté de m’expliquer sans aucun jugement pourquoi, de son point de vue (et, selon lui, du point de vue de Allah), il croyait que pour moi, c’était mieux de pratiquer l’abstinence, mais il ne m’a pas pitché des roches non plus.
L’harcèlement de rue : un véritable problème pour toutes les femmes
Le seul gros problème que j’ai remarqué notamment au Maroc, en Égypte, au Kenya et à Zanzibar, c’est le harcèlement de rue. Il ne faut pas se mettre la tête dans le sable: car oui, de ce côté, il y a indéniablement un problème. Même si ce ne sont pas tous les hommes qui font du harcèlement de rue, tu te fais draguer et demander ton numéro de WhatsApp toutes les deux minutes. (En Égypte, je me suis fait harceler pour mon numéro toute une journée de 3 heures du matin jusqu’à 17 h par un chauffeur d’autobus qui avait comme mission d’amener un groupe de touristes à un temple à Luxor.) Quand tu insistes pour dire non, beaucoup font semblant de ne rien comprendre.
Je croyais au départ que je vivais le harcèlement de rue, car j’étais une femme occidentale. Et puis, je me suis rappelée de ce que nous avait confié Maha, notre co-animatrice marocaine de la série Des filles et des règles. Elle-même vit du harcèlement de rue quotidiennement au Maroc. C’est pratiquement impossible pour elle de se rendre à une plage publique avec ses amies: elles se font tellement importuner qu’elles préfèrent trouver un endroit moins peuplé pour profiter de la mer.
Par contre, malgré que de se faire accoster sans cesse sur la rue n’est pas la chose la plus agréable, je ne me suis jamais sentie en danger. Jamais on ne m’a touché. Et pour être honnête, j’appréhendais vraiment le contraire, spécialement en Égypte. Avant de partir, j’avais lu dans un guide de voyage qu'au pays des pyramides, le harcèlement sexuel est interdit seulement depuis… 2014. 2014! Ça mentionnait que dans une étude, 99 % des Égyptiennes interviewées avaient avoué avoir été harcelées sexuellement au moins une fois dans leur vie. AYOYE! Je n’ai donc pas pris de risques: sur l’ancien territoire des pharaons, j’ai fait affaire avec des guides touristiques pour visiter le pays. Malgré tout, il m’est arrivé à certains moments de me retrouver seule sur la rue, dans des ascenseurs ou dans des taxis avec des hommes égyptiens et je n’ai jamais vécu de harcèlement sexuel. Même pas proche.
L’Égypte : Le royaume des questions WTF
Mesdames, si vous voyagez en Égypte, attendez-vous, de la part des hommes, à vous faire poser des questions un peu… weird. Je ne sais pas pour les autres femmes, mais de mon côté, c’est vraiment l’endroit où je me suis fait poser PLEIN de questions ultra personnelles.
Le Coran interdit les relations sexuelles hors mariage. Mais attention: contrairement à la croyance populaire, les relations sexuelles hors mariage sont interdites pour les hommes et les femmes.
En étant bombardés de culture américaine sur Internet, à la télé, dans les séries et dans les films, vous comprendrez que plusieurs hommes de l’autre côté de l’Atlantique sont assez curieux de découvrir comment ça se passe chez nous.
Parmi de multiples anecdotes que j’ai à ce sujet, je me rappelle une conversation que j’ai eue avec un Égyptien de mon âge, assis à côté de moi dans l’avion. Après une discussion à propos de la pluie et le beau temps, il me pose cette question hyper directe : « HAVE YOU EVER HAD SEX? YOU ARE 36 YEARS OLD AND NOT MARRIED, HAVE YOU EVER HAD SEX? »
J’étais comme… « WTF?! ». La question venait de nulle part. C’était bizarre, mais encore une fois, j’ai senti qu’il me posait la question parce qu’il était curieux de savoir comment ça se passait en Amérique du Nord, et non pas pour me sauter rapido dans les toilettes de l’aéronef.
Ben, savez-vous quoi? Je lui ai répondu franchement à la question. Un beau et gros “Yes”. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre comme réponse, et puis j’ai obtenu un: “Votre culture est très différente de la nôtre. Ici, si une femme tombe enceinte sans être mariée, c’est une énorme honte pour elle.” Le gars m’explique ensuite que, lorsqu'ils étaient encore ensemble, son ex-copine et lui faisaient l'amour, mais jamais, au grand jamais, la famille ne devait être au courant. Il m’a confié qu’il savait que c’était une pression sociale très injuste pour les femmes.
En conclusion
Bref, tout ça pour dire que mon expérience en tant que femme seule dans les pays musulmans, s’est, en général, bien passée. Malgré quelques - euh, je veux dire, BEAUCOUP - de pots de colle qui étaient pratiquement prêts à faire n’importe quoi pour obtenir mon WhatsApp (un a même failli se faire frapper par un camion, no joke), je serais prête à repartir dans tous ces pays… demain matin! Ce sont de très beaux endroits avec des gens extrêmement accueillants, et j’y retournerais n’importe quand. Cependant, je ne conseillerais pas à n’importe quelle fille seule d’aller se balader dans ces régions du globe. Il faut quand même avoir de l’expérience comme backpackeuse, être ouverte d’esprit et surtout, alerte, parce que le choc culturel à certains endroits peut être assez intense.
Si jamais vous vous cherchez une destination hyper facile pour commencer, je vous suggère très fortement la Turquie. Selon moi, la Turquie est un beau mélange entre l’Europe et le Moyen-Orient, pas très dispendieux, et surtout, super sécuritaire. Les Turcs aiment draguer les femmes, mais, dans mon cas, ils n’en sont jamais devenus harcelants. Et en même temps, j’ai trouvé que dans la liste, c’était le pays le plus près de nous culturellement. Alors, on se voit bientôt à Istanbul, les filles?
De votre côté, avez-vous voyager dans ces pays? C'était comment? Dites-le nous dans les commentaires, vous allez aider d'autres filles dans leurs périples!
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